Le numérique et l’inclusion scolaire
Interview d’Anne Thay, responsable du développement et partenariats Éducation chez MOBiDYS.
C’est un mot beaucoup utilisé en ce moment, qui risque d’être galvaudé. Chez MOBiDYS, ce qu’on entend par inclusion, c’est de donner aux enseignants les moyens de faire classe devant tous les élèves, et donc de permettre de faire groupe. Cela nous pousse à nous intéresser aux élèves à besoins spécifiques, pour leur permettre de lire avec les autres, de participer aux mêmes activités pour qu’aucun ne se sente exclu du groupe.
Nous cherchons aussi à donner aux enseignants les moyens de gérer cette hétérogénéité au sein de la classe.
Notre première cible, ce sont les élèves dyslexiques, qui souffrent d’un trouble cognitif. En conséquence, ils rencontrent plus de difficulté à automatiser la lecture, qui est un savoir transversal à tous les apprentissages et au final, ils risquent de décrocher.
Plus largement, nous nous adressons aux élèves qui rencontrent des difficultés dans la lecture, le public allophone, par exemple, dont la langue maternelle n’est pas le français, qu’on va retrouver dans classes UPE2A (dispositif d’accompagnement des élèves allophones inclus dans les classes ordinaires, N.D.L.R.).
Parmi les élèves à besoins spécifiques, il y a aussi des élèves qui ont des troubles autistiques ou d’autres formes de handicap.
J’ai l’impression que c’est un sujet qui est de plus en plus mis en avant. Les enseignants sont plus sensibilisés et formés sur la question de la différenciation pédagogique. C’est une tendance de fond, il y a une vraie volonté de prendre en compte ces élèves.
L’arrivée du numérique, poussée aussi par l’école à distance lors des confinements, a permis la découverte d’outils numériques, qui apparaissent comme un levier très important pour ces élèves.
Ce qui est très intéressant avec le numérique, c’est qu’on peut adapter les supports et propositions d’exercices à différents profils. Il y a un côté personnalisable du support numérique en fonction du profil de l’élève. C’est un grand enjeu du numérique et c’est ce que proposent nos bibliothèques numériques Sondido et Sondo.
Il s’agit aussi de faciliter le travail de l’enseignant dans la différenciation pédagogique. Avec un seul livre numérique, l’enseignant va donner le même outil à tous ses élèves, et ce support va pouvoir s’adapter aux besoins des élèves (en déclenchant de l’audio, par exemple, ou en changeant la police du texte). L’élève peut déclencher un dictionnaire pour l’aider à la compréhension du texte. Cela va permettre à l’enseignant de s’adresser à des profils différents sans pour autant perdre un temps fou à préparer des supports. Tout est plus simple.
Il y a aussi des solutions qui proposent des parcours adaptés aux élèves : selon les difficultés rencontrées, avec des outils de remédiation différents, des exercices plus adaptés. Ça permet d’accompagner l’élève dans ses apprentissages et de suivre son rythme.
C’est assez hétérogène, mais la question de l’inclusion mobilise les enseignants. Pour eux, le numérique devient une partie de la solution, une aide, donc ils y voient un intérêt à la fois pour eux et leurs élèves.
Dans les solutions inclusives, nous voulons une accessibilité garantie pour les élèves en difficulté. Cela implique qu’elles sont aussi très faciles d’utilisation pour les enseignants. Ils voient tout de suite comment utiliser nos bibliothèques, les interfaces sont désencombrées, claires, lisibles.
Notre cœur de métier, c’est de faire du livre numérique inclusif. Mais il existe d’autres ressources sur la question de l’inclusion, comme des exercices que l’élève pratique à son rythme.
L’important, c’est aussi le cadre que va poser l’enseignant autour de tout ça. Il faut le soulager dans la préparation des supports pour qu’il puisse se concentrer sur l’encadrement des élèves, leur donner confiance. Le numérique dans l’inclusion, c’est une partie de la solution seulement, le reste dépend de la séquence pédagogique de l’enseignant !
Nous accompagnons les enseignants et leur proposons des usages pour les livres numériques en complément des collections papier, des activités à faire en classe. Nous observons aussi ce que les enseignants font en classe et comment ces outils peuvent être utilisés dans une session pédagogique pour les partager avec d’autres enseignants. Ce qui est aussi important, c’est que notre outil s’intègre dans les pratiques, sans perturber ce qu’ils ont envie de faire. Il n’y a pas de scénario imposé !
On va aussi plus loin avec certains enseignants qui innovent dans la forme scolaire et utilisent nos solutions dans des dispositifs de classe où l’inclusion va être la ligne directrice, avec une classe flexible, des îlots de lecture avec du mobilier adapté, etc.
MOBiDYS est une entreprise nantaise, d’utilité sociale, dont l’objectif est de donner le pouvoir de lire à tous les élèves. On se base sur de l’innovation technologique mais aussi sur les sciences cognitives et de l’éducation. On propose des bibliothèques numériques (Sondido et Sondo) dans un format inclusif.
Aujourd’hui, nos grands enjeux sont le déploiement sur des territoires entiers. Ainsi, nous allons plus facilement mesurer l’impact de ces solutions : que change l’outil numérique dans les pratiques des enseignants et comment cela contribue à plus d’inclusion ?
Les premiers enseignements de la mesure d’impact, c’est qu’on touche des élèves au-delà de la dyslexie, comme ceux qui sont en difficulté de lecture. Cela va avoir un impact sur l’élève, l’enseignant, mais aussi sur le parent, qui aide son enfant à faire ses devoirs. C’est parfois difficile pour eux d’accompagner comme il se doit leur enfant en difficulté, donc ces outils leur facilitent la tâche.
Enfin, un de nos gros sujets en 2022 est notre déploiement à l’international : nous venons d’ouvrir un bureau au Québec !